Samedi 18 novembre au Petit Galli, la ville de Sanary en collaboration avec le CERPS (*) a organisé une table ronde autour du Camp des Milles, site exceptionnel et lieu de mémoire, où furent internés de nombreux exilés fuyant le nazisme. Plusieurs intervenants qualifiés sont venus retracer son histoire.
Propos et photo recueillis par Solange Alziari de Malaussene.
Cet événement, a été l’occasion de se replonger dans les différents aspects du Camp des Milles, lieu d’internement, de création et de déportation. En ouverture Patricia Aubert première adjointe, a rendu hommage à Jean Picano, Docteur ès-Lettres présent dans la salle et souligné la présence du Maire Daniel Alsters. Gilbert Buti professeur académicien du Var et Président du CERPS, Jean Marie Guillon historien et professeur émérite, Alain Paire journaliste-historien et Nicolas Sadoul Directeur de la Fondation du Camp des Milles ont pris la parole successivement.
Des écrivains, des artistes, des intellectuels en exil
« Six cents mille hommes, femmes et enfants ont été internés au Camp des Milles, principalement des écrivains, et des artistes en exil », a expliqué Gilbert Buti avant d’ajouter : « il y avait une forte communauté allemande et autrichienne, cette population a fui le nazisme et s’est réfugiée à Sanary ». Le camp des Milles situé à Aix en Provence a ouvert en septembre 1939, et son histoire se divise en plusieurs phases et trois périodes principales. Le public venu nombreux a découvert avec stupéfaction, la précarité dans laquelle vivaient les artistes qui s’y sont réfugiés et les traces laissées par beaucoup d’entre eux, comme par exemple Max Ernst, Hans Bellmer, Ferdinand Springer…
Des pensées littéraires
Patricia Aubert a ponctué l’événement par des lectures émanant d’œuvres littéraires, des extraits d’ouvrages laissés par les exilés, des intellectuels tels que Lion Feuchtwanger, incarcéré à deux reprises au Camp des Milles, son œuvre autobiographique « Le Diable en France », porte sur sa période d’incarcération. Aussi paradoxal que cela paraisse, le Camp était aussi un Centre de culture et de création, comme l’a laissé entrevoir la première adjointe au travers de ses lectures. Trente huit nationalités d’artistes y ont été internées.
Un site d’enfermement, de transit et ensuite de déportation
Nicolas Sadoul a pris la parole pour mettre en lumière les trois périodes charnières : « Les gens n’étaient pas emprisonnés, ils avaient une liberté provisoire, ce n’est que peu à peu que le Centre s’est transformé en camp de transit, sur la route des camps de concentration », c’est ainsi que le public a appris avec effroi, que durant la période d’août à septembre 1942, des hommes, des femmes et des enfants ont été déportés vers Auschwitz, via Drancy ou Rivesaltes. La fermeture réelle du Camp a été faite en Mai 1943. Pour terminer, Nicolas Sadoul a insisté sur le fait que malgré l’adversité, des actes de résistance et de grande solidarité ont existé durant cette période : « Des engrenages se sont mis en œuvre ».
Le dernier Camp Français
« N’oublions jamais que ces événements se sont déroulés sous la seule autorité Française. Les populations civiles, policières et militaires ont participé activement à la déportation d’hommes, de femmes et d’enfants dans un zone non occupée », a poursuivi Nicolas Sadoul, avant d’ajouter : « Le Camp des Milles est le dernier Camp Français en briques encore intact aujourd’hui ». Un lieu de mémoire, une histoire dans l’histoire, la fondation est reconnue d’utilité publique pour se rappeler que la démocratie est toujours menacée, et comme cela a pu être souligné : « La mémoire est le fondement de la conscience morale »
A suivre :
Le Mardi 9 avril 2024 un atelier est organisé au Camp des Milles avec un départ à 12h30 depuis Sanary. Une inscription est requise auprès de l’Office de Tourisme.
Site-Mémorial du Camp des Milles
40, Chemin de la Badesse
13290 Aix-en-Provence
Tél. : 04 42 39 17 11