Bandol convie le public à découvrir les sculptures de l’artiste Benoît de Souza qui s’installe à la Galerie Ravaisou et sur la promenade de Gaulle. Une invitation à pénétrer l’œuvre de l’artiste où tout n’est que détournement, énigme et curiosité.
Propos et photos recueillis par Solange Alziari de Malaussene.
Messager, passeur, transmetteur, Benoît de Souza est un artiste qui appréhende le monde à travers le prisme de son enfance. Une enfance passée en grande partie au Bénin : « J’ai vécu au Bénin depuis l’âge de seize ans, pas très loin des villages africains, ma mère est provençale on créait des objets avec les enfants du village, nous faisions du recyclage », confie Benoît qui garde un souvenir précis de ses premiers pas dans la réalisation d’objets extraordinaires. Aujourd’hui l’artiste vit au milieu des centaures des dieux et des déesses, il récupère, transforme, expose inlassablement depuis quarante ans, avec à son actif plus de trois cents expositions. Le monde lui a ouvert les portes.
La caravane de l’étrange
Un trésor de curiosités, une alchimie entre la matière et l’organique, une mécanique de l’étrange, l’ensemble se déploie sur la promenade du quai, une collection d’œuvres aériennes pouvant atteindre plus de deux mètres de haut. Les sculptures captivent et interrogent, quel en est le sens ? L’artiste explique : « Dans mes œuvres je mélange mes deux cultures Française et Africaines, je travaille avec des objets que je récupère et je leur donne une autre vie avec un message implicite : « l’être humain se doit de faire une introspection et se poser la question d’où vient-t-il et où veut-t-il aller ? car il faut aller quelque part pour ne pas détruire la planète ». Ainsi le promeneur découvre le gigantisme des sculptures, elles s’étalent sur le quai, mystérieuses, provocantes, alliant poésie et construction, comme cette princesse africaine au visage clair, confectionnée en partie avec des roues de vélo, au nom évocateur : « La petite reine », et ainsi de suite tout le long du parcours. Benoît jongle avec les mots, son travail est inspirant et inspiré.
Le cabinet des curiosités
A l’intérieur de la Galerie Ravaisou, la métaphore s’exprime au travers du travail de l’artiste, le public y devine sa pensée : « L’être humain doit devenir une relique de lui-même, pour apprendre à conserver son histoire et respecter la nature ». Le petit cabinet des curiosités, par opposition au grand cabinet des curiosités installé sur le quai, dévoile un ensemble de sculptures énigmatiques où se marient la terre et l’eau. Un collier de cheval enveloppe une céramique vaudou, et une maquette évoque le monde des profondeurs, un prototype conçu avant la réalisation d’œuvres déposées au fond de l’Anse des Catalans, pour le musée subaquatique de Marseille : Les Hydropithèques, ou singes de mer.
Ecouter le monde et les autres et se réinventer
L’artiste plasticien, céramiste, sculpteur, a été primé à de nombreuses reprises, diplômé entre autres, de l’école de Sèvres, il enseigne l’art thérapie et se plaît à transmettre : « En tant qu’artiste je vais rencontrer les écoles de Bandol, pour expliquer ma démarche, je me dois de le faire, il faut ouvrir les yeux », confie Benoît. Au-delà de la simple vitrine qu’offre l’artiste, la réflexion liée à l’environnement s’empare des œuvres, qui dégagent une beauté chimérique. S’attarder sur le travail de Benoît de Souza, c’est prendre le risque d’entrer dans un lieu inconnu, pour tenter de voir si quelque messager n’y a pas laissé une mémoire.
Exposition de l’artiste plasticien Benoît de Souza : « La caravane de l’étrange »
Le petit cabinet des curiosités
Jusqu’au 20 mars
Galerie Ravaisou, Rue des Écoles, 83150 Bandol
Entrée libre
Le grand cabinet des curiosités
Jusqu’au 2 juin
Quai de la promenade de Gaulle, 83150 Bandol