Fidèles au rendez-vous ! Les fans de la première heure ont pris d’assaut le Théâtre Galli pour entendre rugir Popa Chubby. Après 1h30 de riffs enragés et de blues métallisé, le protégé du label français Dixiefrog Records rend une copie mitigée.
Texte Julien Talani, photos ©Ville de Sanary
Lorsqu’il sort des coulisses, on ne peut pas dire qu’à 63 ans, Theodore Joseph Horowitz, dit Popa Chubby, né le 31 mars 1960 à New York, se porte comme un charme. C’est cahotant que le chanteur et guitariste rejoint son tabouret à l’avant-scène d’une salle comble. A son apparition, l’enthousiasme est général. S’ensuit une ovation à la hauteur du manque. Car, c’est un fait, Popa Chubby manquait à ses fans !
30 ans de carrière
La distorsion ravageuse, le blues rock percussif et animal de Popa Chubby marquait au fer rouge le cœur des toulonnais, à la fin des années 90, à l’occasion de son troisième album “Booty and the beast”. Un premier concert place d’Armes, organisé dans le cadre de Jazz à Toulon, avait littéralement scotché, ou plutôt “soufflé”, l’auditoire, à grand renfort de décibels et de phrasés hendrixiens. En trente ans de carrière (et presque autant d’albums), l’artiste a joué plus d’une dizaine de fois dans la région. Et, chaque fois, le public se presse pour retrouver cet ovni du blues, tant ses prestations sont authentiques et proches de la transe.
Le bon tempo
Pour cette nouvelle tournée (It’s a mighty hard road), Popa s’est entouré de musiciens aussi talentueux qu’attentifs. En guise de partition, Popa compte à voix haute, distribue coups d’œil et hochements de tête. Claviériste, bassiste et batteur suivent à la lettre. Premier accord : le son est là. Dans le cœur d’une Fender bastonnée de riffs entêtants, de cocottes sur-saturées, d’accords plaqués sonnants et résonnants. Lorsque la mélodie s’arrondit, que la voix rocailleuse devient suave, c’est que le refrain qui suit sera des plus teigneux, le solo des plus diabolique.
Le bémol
Même s’ils en ont pris plein les oreilles et plein les yeux, les fans restent sur leur faim. A 22 heures pile, on remballe. Malgré une salle entière qui ovationne et réclame le retour des musiciens. Rien. La lumière se rallume. 1h30 montre en main : on a connu prestation plus fleuve. A la place, une séance de dédicaces attendait les fans, dans le hall du Théâtre. Un exercice auquel se prêtent peu d’artistes, il est vrai. On pouvait aussi s’attendre à davantage de titres originaux. Le show démarre sur du Jimi Hendrix (Hey Joe). Rien de tel qu’une reprise de dix minutes pour bien échauffer les doigts. Tout ça se prolonge par du Jimi Hendrix (Little Wing) et se conclut par du Santana (Soul Sacrifice). Ces trois citations auraient suffi. Le medley cinématographique, dont on discerne difficilement le thème du Parrain de Martin Scorsese (Speak Softly love) et celui de Pulp Fiction de Quentin Tarantino, est totalement superfétatoire. Il y avait largement de quoi faire, dans la discographie de Popa Chubby, notamment un dernier album (Emotional Gangster), avant de meubler à ce point. En tout cas, largement de quoi assurer un rappel.