Depuis cinq ans, la culture du houblon bat son plein à Callian, domaine agricole géré par les compagnons d’Emmaüs Var. Désormais, les fleurs sont brassées sur place. Les premières bières seront dévoilées lors du prochain festival Bières en Seyne (du 24 au 26 mai).
Propos recueillis par Julien Talani – Photos ©Emmaüs Var
LVEV : Comment a démarré cette aventure ?
Les terres que nous exploitons dans le Haut-Var ont d’abord accueilli du maraîchage. Il y avait à proximité de ces parcelles, un champ souvent inondé. On se demandait quoi faire pousser dessus. Après quelques recherches, il s’est avéré que le houblon aimait ce genre de conditions. Nous nous sommes lancés. L’expérience porte ses fruits. L’hectare concerné accueille désormais 2700 pieds de houblon.
LVEV : Le passage à la production de bière s’est donc fait naturellement ?
Au départ, on voulait vendre notre production. Puis on s’est aperçu que c’était compliqué. L’une des missions d’Emmaüs étant de permettre aux compagnons d’acquérir de nouvelles compétences, on a décidé de valoriser cette production en brassant notre propre bière. Après deux ans de formation, un compagnon est devenu maître brasseur. Deux autres sont houblonniers. Cette bière est aussi un nouveau vecteur de communication. L’occasion de toucher un public plus large. Et de partager avec lui les convictions humanistes et les valeurs d’entraide portées par Emmaüs.
LVEV : En termes de bières, à quoi s’attendre ?
Elle fera sa sortie officielle lors du festival Bières en Seyne. On embouteille notre gamme fixe ces jours-ci. Il y a une blonde, une blanche citronnée, une IPA et il devrait y avoir une brune. On pourra aussi produire des gammes éphémères. Pour le moment, on démarre doucement. On fournira plus si les commandes suivent. La bière sera vendue au départ sur les sites Emmaüs de La Seyne et de Callian.
LVEV : Le but n’est pas d’en tirer profit ?
Non. C’est contraire à l’esprit du mouvement Emmaüs. L’argent sera utilisé, au même titre que celui généré par les ateliers de menuiserie ou les salles de vente, pour créer de la solidarité. Cette nouvelle activité conforte aussi notre autonomie et notre liberté. La communauté Emmaüs Var, qui accueille 30 à 35 compagnons à l’année, ne reçoit et ne souhaite recevoir aucune subvention. Elle fonctionne grâce au fruit de son travail et de la vente des dons qu’on lui fait. Grâce à cela, elle peut soutenir les causes qu’elle juge justes sans avoir de comptes à rendre.