Artiste en résidence à la Maison du Patrimoine de Six-Fours jusqu’au 21 août, Laura Lafon raconte une histoire de territoire à travers la photographie. « Aimer manger », relate de délicieux moments de partage autour de l’amour d’un foyer, le temps d’un repas.
Propos et photos recueillis par Solange Alziari de Malaussene.
Diplômée en Gender & Cultural Studies de Sciences Po Toulouse, et de l’ESA 75 à Bruxelles en photographie, Laura Lafon a plus d’une corde à son arc. Photographe, mais aussi directrice artistique, elle use d’un professionnalisme sans limite, et d’une efficacité redoutable, ses projets sont nombreux, elle les suit avec un engagement constant. Aujourd’hui elle réalise un nouveau chapitre d’« Aimer manger », en prévision d’une édition prochaine.
Partir à la rencontre des autres
L’objectif de Laura reste le même : aller à la rencontre des habitants et partager un repas au sein de leur foyer. Pour l’artiste, la cuisine est l’endroit où l’intimité se mêle à la convivialité, un lieu propice aux échanges, là où l’amour règne, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Elle se livre en toute transparence : « L’idée est : invitez-moi dans vos cuisines pour parler d’amour. L’amour universel au sens large bien-entendu, une raison donnée pour que les gens racontent leurs histoires. Ce qui m’intéresse, c’est l’écriture de soi et le côté intime ». La recherche de Laura n’est pas la cuisine gastronomique mais la cuisine du quotidien, une histoire photographique accompagnée de textes, qu’elle bâtira à partir de ses rencontres.
De la photographie argentique
« Je ne suis pas vraiment expos photos, je préfère créer de petites éditions entre cinquante et cent exemplaires, et j’en offre aux personnes qui ont participé, elles peuvent ainsi consulter les images et lire le texte qui parle de leur histoire, il faut qu’il soit représentatif du sujet, et de ce qui a le plus émergé dans la conversation », explique Laura Lafon avant d’ajouter : « Je ne fais que des photos argentiques et je n’en prends qu’une, il faut qu’elle soit bonne mais il peut y avoir des accidents , au début c’est un peu décevant mais à y regarder de plus près ça devient intéressant, le rendu est moins maîtrisé donc plus vivant».
L’importance du territoire
Laura Lafon s’attache à montrer l’importance et la diversité du territoire, elle respecte la multiplicité des profils, elle n’hésite pas à se rendre dans les EHPAD pour développer « Aimer Manger », mais elle a d’autres envies : « Je ne sais jamais chez qui je vais au départ, lorsque j’ai fait « aimer manger à Pantin », je me suis efforcée de respecter la diversité des profils. Ici à la Maison du Patrimoine les gens connaissent le lieu, on est dans une pratique culturelle avérée avec une envie de participer à des ateliers, c’est ce que nous avons réalisé avec le groupe dimanche, nous avons expérimenté le cyanotype, un procédé photographique à base de mélange photosensible, que nous avons appliqué sur un tissu et nous l’avons ensuite exposé au soleil, ce fut une superbe expérience ».
Un travail collectif et multiple
Laura Lafon s’insère aussi dans des projets qui sont souvent collectifs et travaille avec la graphiste, Héléna King, avec laquelle elle finalise actuellement un livre, et met en place une exposition sur Nice qui s’ouvrira en septembre. Outre la création des livres « aimer manger », elle dirige artistiquement les images de Gaze Magazine, la revue des regards féminins et non-binaires, cette artiste multiple a aussi créé un collectif de cinq femmes en 2019 qui s’appelle Lusted Men, une grande collecte de photographies érotiques d’hommes, qui souhaite bouleverser les rôles et les représentations du genre, avec sept cents photos réunies dans un même ouvrage. La résidence à la Maison du Patrimoine ouvre de nouvelles portes à Laura, peut-être de belles rencontres sur Six-Fours, pour aimer manger, dans la convivialité et la simplicité.
Pour participer à « Aimer manger », et écrire cette histoire, vous pouvez joindre Laura Lafon sur sa boite mail : lafonlaura@hotmail.fr