Le Musée de la fleur d’Ollioules présente jusqu’au 22 juin : « Paysages et minéral », les œuvres de deux artistes, Patricia Vasseur et Denis Robinot. Robert Beneventi, Maire d’Ollioules, a inauguré l’exposition aux côtés de Didier Martina-Fieschi, élu à la culture et de Blandine Monier, Présidente de la Communauté de Commune Sud Sainte Baume.
Propos et photos recueillis par Solange Alziari de Malaussene
Du pastel, de l’huile, mais aussi de l’encre et du fusain, du figuratif qui glisse vers l’abstrait, Patricia Vasseur ne s’interdit rien, elle ose tout, jusqu’à s’aventurer seule dans les gorges d’Ollioules pour en saisir le mystère insondable. La démarche artistique de Denis Robinot se singularise par le regard qu’il porte sur le paysage. Seul le regard compte chez cet artiste, il déstructure la roche, le minéral, le végétal et la mémoire fait le reste, dans l’abstraction, il coule son chemin. Les pigments acryliques et la couleur bleue s’imposent en maître absolu.
Les gorges, et son histoire
Façonnées par l’eau et le temps, les marmites géantes, les cuves, les grottes, convergent en ce point, « … l’œil n’y voit plus rien qu’une roche jaune abrupte, déchirée, verticale… », a écrit Victor Hugo dans un de ses ouvrages. Le poète écrivain avait fait le chemin jusqu’aux gorges, bien d’autres ont suivi sa route, les fantômes y rodent désespérément. Le brigand Gaspard de Besse s’y est caché et George Sand les a traversées. L’attrait du secteur ne se limite donc pas au littoral !
Deux artistes, deux regards, deux modes d’expression
Contrairement à Denis Robinot, Patricia Vasseur travaille sur le motif. Elle a durant un an promené ses crayons et ses pinceaux sous la roche calcaire, dans un canyon creusé par la Reppe et le Destel. Elle a peint le contre-jour, l’ombre et la lumière, bravant la froidure de l’hiver et la chaleur de l’été. Elle a fait surgir le vivant, elle a gratté la roche pour en extraire le végétal, jusqu’à s’en imprégner. Denis Robinot quant à lui, a traduit ce monde minéral aride et rocheux jusqu’à faire naître l’émotion. L’endroit inhospitalier et inquiétant a marqué sa mémoire, il en a restitué l’atmosphère dans son atelier bleu, l’endroit qu’il peint n’existe que dans son imagination.
Un lieu inspirant
L’agréable austérité du couvent des observantins, devenu musée de la fleur, enveloppe le travail des deux artistes d’une douce intimité. Les œuvres témoignent de la relation étroite entre le créateur et son sujet. « Je travaille sur la mémorisation, je me promène, je regarde et je sens la présence du minéral. Je palpe l’imagination de ceux qui ont regardé avant moi, ensuite je rejoins mon atelier », explique Denis Robinot avant d’ajouter : « Au lieu de faire un tableau dans le détail, je prends le détail et je fais un tableau, j’ai recréé les gorges d’Ollioules ». Patricia Vasseur, toujours en quête de vérité et de sincérité, confie : « J’ouvre des espaces et je vais rechercher l’âme du lieu. Le soir tout devient sombre et bleuté, il se passe des choses dans les gorges, elles sont habitées ». Une douce catharsis s’empare du visiteur et le temps se fige.
L’œuvre commune
Il suffit de quelques minutes pour ressentir la puissance de la peinture, que ce soit celle de Patricia où les toiles racontent l’histoire des gorges, le tragique de la falaise, lorsqu’on est au fond de la Reppe et qu’on lève les yeux au ciel attiré par la magnificence. Pour Denis c’est une autre histoire, celle du néolithique, et principalement de l’habitat, voilà une autre facette de son travail, un peu plus anthropologique. L’artiste reproduit des figures anthropomorphiques sur pierre ou sur toile, à la recherche d’un sens à ces peintures postglaciaires. Et puis, un grand format attire l’attention, un tableau recouvert de pigments d’un bleu chaud et vif, une toile abandonnée, celle de trop. Patricia s’en empare avec la permission de Denis son propriétaire, pour lui faire suivre un autre chemin. C’est ainsi que l’œuvre passe d’un atelier à l’autre, de l’abstrait au figuratif, du néant à la vie.
Une traduction du monde minéral
L’exposition de Patricia Vasseur et de Denis Robinot propose un regard sur le minéral et le végétal qui entourent ce lieu farouche et hostile, une traduction du monde minéral aride et rocheux où les contrastes sont violents. Du fin fond des grottes, au pied de la roche déchiquetée, la mémoire se réinvente. Le passage où la Reppe s’infiltre avant de se jeter dans la mer, crée un phénomène presque surnaturel, laissant se réveiller quelques fantômes endormis.
Gorges d’Ollioules, Paysages et minéral
Exposition de Patricia Vasseur et Denis Robinot
A voir jusqu’au 22 juin 2024
Lieu : Musée de la fleur d’Ollioules, 4, rue de la Tour, 83190 Ollioules
Entrée libre
Du mercredi au samedi de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00
Infos : 09 85 15 68 03 / musees@ollioules.fr