A la médiathèque de Sanary, Samedi 6 janvier, le Maire Daniel Alsters accompagné de Patricia Aubert première adjointe, et d’Eliane Thibaux adjointe à la médiathèque a inauguré l’exposition d’Eva Adler : « une symphonie familiale », qui retrace l’histoire de sa famille décimée pendant la guerre, un regard émouvant sur une triste réalité.
Propos et photos recueillis par Solange Alziari de Malaussene.
Eva Adler est née à New-York, elle est américaine, française et autrichienne, elle est la fille de l’illustre chef de chœur et chef d’orchestre principal du Metropolitan Opéra de new-York, Kurt Adler. Cet homme, aujourd’hui disparu est née en République Tchèque pendant l’empire austro-hongrois, dans une famille juive bourgeoise, il fuit le nazisme en 1938 et émigre aux Etats-Unis. C’est cette histoire et celle de tous les siens, assassinés pendant la guerre que nous dévoile Eva Adler.
Trente années de recherches
« J’ai fait cette exposition suite au livre que j’ai écrit et qui s’appelle : « La fille du Maestro », confie Eva Adler. Trente ans de recherches et de travail acharné pour rendre hommage à sa famille, déportée dans les camps de Belzec et d’Auschwitz : « C’est très important de sortir une famille de l’oubli », explique Eva, une manière pour elle de rejoindre son père, qu’elle a perdu à l’âge de six ans. Aujourd’hui âgée de cinquante-deux ans, la boucle est bouclée. Son livre sortira en français dans un an environ, elle y explique la vie, la déportation et la mort. L’exil aussi, celui de son père seul survivant, qui grâce à l’amour et à la musique a pu fuir l’enfer.
Tant de souvenirs
Des objets, des photos, des portraits de famille, des documents inédits… Eva dévoile l’ineffable, l’horreur, l’inexplicable sans complaisance. Des hommes, des femmes des enfants regardent le monde sans savoir que ce monde les emportera, mais l’oubli ne gagnera pas : « J’ai refait le chemin, j’ai retrouvé ma demi-sœur qui est née en mille neuf cent trente-huit, j’ai retrouvé la maison de ma famille à Vienne, les usines, j’ai supervisé les plaques posées sur les immeubles disant : des juifs habitaient ici », déclare avec émotion Eva avant d’ajouter : « Mes racines sont là en Autriche depuis quatre-cents ans ».
« J’ai fait un rêve »
Eva se livre : « J’ai fait un rêve, je me voyais assise à côté de mon père vers Central Park et je lui ai dit : je veux rester ici avec toi, il m’a répondu : Non j’ai vécu ma vie mais toi tu dois vivre la tienne, il faut que tu retournes au futur et que tu te crées une belle vie », elle ajoute : « j’ai créé une belle vie, et puis on a toujours le choix dans la vie, le choix de surmonter sa peur, d’être courageux, tenace et de continuer ». Une belle leçon de résilience que donne Eva Adler.
Des symboles forts
Cette exposition associe aussi une artiste plasticienne : Magali Canovas, avec deux installations composées en matière végétale : une plante qui retombe, une allusion aux déracinés et une spirale de vie qui symbolise la famille. Ensuite on peut y voir un miroir cassé qui dit la disparition, la vie brisée. Le Maestro Hugo Gonzalez-Pioli, compositeur et chef d’orchestre qui dirige l’Opéra en Ile de France, connu notamment pour les musiques accompagnant les films de Chaplin, a composé un morceau spécialement pour l’événement : « Elégie », destiné à ceux partis pour l’éternité, qu’il interprètera au piano solo lors de la conférence du 11 janvier. Par cet événement, Eva Adler lance un message de tolérance, porté par un humanisme fort et une résilience acquise tout au long de son parcours : « La vie est une symphonie, nous sommes les mêmes notes d’une partition et l’important est de jouer cette musique ensemble, être tous en harmonie ».
« Une symphonie familiale »,
A voir jusqu’au 20 janvier 2024
Médiathèque Jacques Duhamel
Rue Robert Schuman
83110 Sanary-sur-Mer
Tél. : 04 94 32 97 80
Conférence d’Eva Adler
Jeudi 11 janvier à 19h00
Théâtre le petit Galli
80, Rue Raoul Henry
83110 Sanary-sur-Mer
www.sanarysurmer.com
Tél. : 04 94 32 97 80
(Il est préférable de réserver)