Fanny Lavergne a posé ses valises à la Maison du Patrimoine de Six-Fours-les-Plages, la résidence d’artiste lui a ouvert ses portes le 2 Février, elle y restera jusqu’au 3 Mars. L’histoire du sel la fascine, elle va pousser la création jusqu’à s’en imprégner. Un temps pour elle où sa pensée va prendre forme.
Propos et photos recueillis par Solange Robinet.
Tout en elle fuse, la réflexion, le mouvement, la méthode, elle cherche, elle expérimente, elle trouve. Ses trésors sont enfouis, elle les dévoile peu à peu et nous emporte dans un monde bien à elle. Artiste plasticienne aux multiples facettes, elle prend le risque de la découverte, l’aventure est immense, elle s’y hasarde. Au commencement dit-t-elle : « Il y avait une usine de soude sur l’île des Embiez, où on y extrayait non seulement la soude mais aussi le gaz chlorhydrique qui était appelé esprit de sel, ce sel a brûlé toute la végétation parce qu’’il a été mal récupéré, ce fût une catastrophe écologique et sanitaire qui a laissé des traces. Il n’y a plus rien de ce qui poussait à l’époque et qui alimentait la population, plus de figuiers, plus de vignes… », elle ajoute : « L’idée m’est venue d’enquêter sur cette fabrique de soude et sur les conséquences qu’elle a eu, parce que je travaille aussi avec du sel ».
Atelier sel marin
Cette diplômée de l’école supérieure d’arts plastiques de Monaco (ESAP) unique et multiple, sait mêler les différentes formes artistiques : vidéos, sculptures, installations, dessins… sensible à l’écologie elle a programmé un atelier sel marin, auquel bon nombre de personnes ont participé. Une balade-récolte où chacun a ramassé ce qu’il trouvait sur la plage et ensuite a immergé ses trouvailles, le sel et l’eau vont ainsi accomplir leur mission.
Le sel regorge de trésors cachés
Aller de découverte en découverte, avec Fanny Lavergne dans cette résidence d’artiste est un parcours surprenant. Elle explique : « Je travaille sur le fragile, sur ce qui meurt et sur ce que l’on ne peut pas empêcher de mourir et aussi sur les traces qui disparaissent, beaucoup sur l’éphémère aussi et souvent même si mes travaux sont finis, si je les sors de l’atelier et que je les expose, ils continuent parfois de bouger tout seul ». Le sel continue d’avancer inexorablement de façon graduelle et déterminée, puisqu’il va capter l‘humidité des lieux d’exposition
Là où mène l’expérimentation en cours, elle y va
Fanny ramasse, cueille, la nature l’intéresse, le très hostile surtout, elle découvre elle expérimente, ce qui lui plaît se sont les feuilles de buissons qui ont des défauts, alors elle les dessine, elle constitue des cueillettes, des herbiers et elle révèle : « Sur l’île du Gaou, il y a un massif de ronces incroyable et là j’ai récolté plein d’aiguillons de ronces que j’ai rajouté à une branche », elle se confie : « je ne me limite pas à un médium je ne fais pas uniquement du dessin et de la sculpture, je vais là où j’ai envie de m’exprimer ou de chercher ».
Dialogue entre l’artiste et le monde
« Je travaille avec des végétaux qui sont morts, c’est plutôt alarmant ou alarmiste et si on ne fait rien sur le plan écologique, on va se retrouver avec des champs où plus rien ne poussera, avec des terres qui vont s’immerger parce que la marée monte », s’indigne Fanny. Au mur de la résidence elle y a ajouté une carte du monde pour attester de la salinisation des sols. « Le sel peut grandir aussi comme un paysage » explique-t-elle, et elle ajoute : « J’en ai fait l’expérience lorsque j’étais étudiante, j’avais saturé de l’eau en sel, enfermé dans des bols, le visuel a été révélateur ».
Le besoin de faire les choses
« J’ai un processus de création très lent, j’ai besoin aussi de faire les choses par moi-même » avoue-t-elle. L’artiste va tresser des posidonies, ces herbes marines qui protègent les plages mais aussi dessiner ce qu’elle appelle : « ses dessins absurdes ». Elle a équipé aussi une bogue de châtaigne avec de petits aiguillons de porcelaine. Une série de trouvailles qu’elle nomme « les objets sans histoire » viennent compléter ses créations : « ces petites choses », comme elle l’explique qui peuvent prendre beaucoup d’ampleur. La porcelaine qu’elle fabrique a le même effet que le sel : « c’est blanc, c’est fragile, c’est cassant et en même temps ça a l’air mort » avoue-t-elle et elle confie : « Je donne à voir des choses qui se meurt ».
Une artiste qui lâche prise
En contemplant ses œuvres, le visiteur comprend que ses thèmes de prédilection reviennent toujours comme un essentiel, même si elle essaie de s’en extraire parfois. Elle l’exprime d’ailleurs fort bien : « c’est un mélange de ma sensibilité qui est tournait vers ça, j’ai une appétence pour tout cela ».
Pour en savoir plus :
Fanny Lavergne fera une ouverture d’atelier le dimanche 26 février de 14h00 à 17h30, pour faire découvrir au public son travail artistique et présenter les expériences réalisées par les participants lors de l’atelier du dimanche 12 février.
Maison du Patrimoine
Corniche des Iles – Le Brusc –
83140 Six-Fours-les-Plages
Renseignements et inscriptions :
Tél. : 04 94 10 49 90 ou 04 94 74 96 43
Mail : arts-plastiques@mairie-six-fours.fr