Observées à de nombreuses reprises dans le Var et dans les Alpes-Maritimes, en pleine mer, mais surtout sur la côte entre Porquerolles et l’île des Embiez en passant par les Sablettes, la méduse Aequorea forskalea a fait parler d’elle depuis le 20 avril.
Pas simple de reconnaître une méduse qu’on n’a jamais vu auparavant. Beaucoup s’étonnent d’observer parmi la très connue Pélagie, l’Equorée, jusqu’alors rarement observée par les habitants. Et pourtant, c’est bien l’Aequorea forskalea qui est au centre des discussions de tous les observateurs et pratiquants de la mer.
C’EST AVEC MWANGA VAGABONDE QUE NOUS PARTONS A LA DECOUVERTE DE CETTE MEDUSE
« Nous étions parti pour une balade photo naturaliste sur l’île des Embiez. Cette balade est l’occasion de pratiquer la photographie nature tout en apprenant sur l’écologie. Ce sont d’abord les Pélagies, ces petites méduses roses très urticantes et bien connues en Méditerranée, que nous avons repéré. En nous approchant nous avons observé des Equorées parmi les Pélagies. Nous étions sur la côte Nord-Est de l’île. De plages en plages et de Nord en Est, nos observations se répétaient, et leur nombre ne diminuait pas. C’est le soir seulement, en partageant notre observation, que nous avons pris connaissance des nombreux témoignages concernant cette méduse. Les questions étaient nombreuses, car visiblement même si l’espèce est commune en Méditerranée, son observation ne l’était pas autant. Les questions fusent : mais quelle est donc cette méduse que l’on observe sur toute la côte varoise en ce moment ? Est-ce une espèce envahissante ? Est-elle urticante ?»
UNE ESPECE COMMUNE EN MEDITERRANEE
L’Equorée est une espèce d’Hydrozoaire (famille des coraux et des méduses), commune en Méditerranée où elle a d’ailleurs été pour la première fois observée et identifiée en 1810 par Péron et Lesueur. Espèce cosmopolite, elle est largement distribuée dans les zones tempérées et subtropicales, pour peu qu’elle ait accès à des zones de bonnes profondeurs. En effet, les méduses sont des espèces pélagiques qui font partie du plancton. Visiblement absente du Golfe du Lion, elle est bien présente et depuis fort longtemps au large de la Côte d’Azur. Il est cependant bien plus facile de l’observée morte échouée sur les plages que dans son milieu, où elle peut atteindre de grandes profondeurs.
D’UNE TAILLE IMPORTANTE, AVEC DE NOMBREUX CANAUX RADIAIRES BLEU SOMBRE
L’Equorée est facilement identifiable puisqu’elle ne ressemble pas aux autres méduses de Méditerranée. D’une taille importante, son ombrelle transparente peut mesurer jusqu’à 25 cm, ce qui est inhabituellement grand pour une méduse. Tout autour de cette ombrelle, de nombreux canaux radiaires bleu sombre entour l’estomac. De longs et fins tentacules prennent naissance sur le bord de l’ombrelle. Echouée, elle donne l’impression d’une tranche d’ananas bleu.
UN TEL DÉVELOPPEMENT POURRAIT S’EXPLIQUER PAR LA SURPÊCHE
Les méduses et notamment l’Equorée, sont des espèces opportunistes qui tendent à se développer dès lors que les populations de poissons sont en régression. Ce phénomène a été étudié au large de la côte Namibienne après des années de surpêche et une diminution drastique du stock de poisson. La méduse empêchait alors le stock de se reconstituer, se nourrissant de tous les œufs et alvins de poissons croisés sur son chemin, pendant que sa population à elle, augmentait.
Est-ce que la présence massive de l’Equorée traduit une surpêche en Méditerranée ? Est-ce que le phénomène observé en Namibie est transposable à notre environnement ? Une étude approfondie serait nécessaire pour répondre à la question. Mais certains spécialistes n’émettent que peu de doute face à la situation quand d’autres pointent aussi du doigt le dérèglement climatique.
FAIRE PART DE SES OBSERVATIONS, PHOTOGRAPHIER, MAIS NE PAS TOUCHER !
Si vous avez observé et photographié l’Equorée, vous pouvez participer à son recensement ! Vous pouvez devenir un observateur du littoral et participer à l’étude des écosystèmes grâce à vos photos. Faîtes part de vos observations au réseau Biolit. La marche à suivre est simple : vous balader, photographier, transmettre les informations. Si vous n’êtes pas à l’aise à l’idée de le faire seul, vous pouvez faire appel à un relai.
Mais attention, si l’Equorée est très peu urticante pour l’homme, les personnes allergiques pourraient être brûlées ou blessés à son contact. Éviter donc de toucher la méduse, observez seulement.
Pour faire part de vos observations :
https://www.biolit.fr
Pour participer à une balade photo scientifique avec Mwanga Vagabonde, relais BioLitt :
https://mwangavagabonde.fr